Dans la commune de Tori Bossito, une exploitation agricole de 25 ha est en passe de s’affranchir du rythme pluvial pour disposer de l’eau à plein temps. Pendant ce temps, à Sovlègni, un hameau totalement isolé dans la commune de Djidja, les habitants vont bientôt faire leurs adieux à la pénibilité de la corvée d’eau. Voilà les résultats auxquels le MCA-Bénin II s’attend après une descente sur le terrain pour constater l’évolution des chantiers initiés par ses partenaires.

En 2018, le MCA-Bénin II lançait l’OCEF, une initiative qui visait à susciter la participation des entreprises privées et des associations à l’électrification hors-réseau. Il est vrai que le MCA-Bénin II a consenti d’importants investissements dans la modernisation du réseau de distribution de l’électricité, et que la capacité de production d’énergie sera accrue par la construction de centrales solaires photovoltaïques en mode partenariat public/privé (IPP). Malgré ces interventions, de nombreuses régions éloignées des centres urbains ne bénéficieront pas des bienfaits du Programme. L’OCEF vise à accroître l’accès à l’électricité pour la majorité de la population actuellement non desservie dans les zones rurales et périurbaines en réduisant les coûts initiaux de raccordement et les obstacles à l’investissement dans le secteur de l’énergie électrique au Bénin.

Plusieurs entreprises privées ont soumis d’intéressants projets d’électrification hors-réseau en réponse à l’appel de l’OCEF. Enerdas pour sa part a introduit un projet assez particulier. 
En plus de 240 lampadaires solaires à installer et 900 kits solaires à distribuer, l’entreprise propose de réaliser 100 systèmes de pompage solaire en leasing au profit d’entrepreneurs agricoles privés, et 60 pompes solaires publiques dans trois communes (Allada, Djidja et Zogbodomey), à raison de 20 pompes par commune.

Le projet a franchi les mailles de la sélection du MCA-Bénin II, et les responsables d’Enerdas étaient à pied d'œuvre depuis plusieurs mois. La semaine dernière, le MCA-Bénin II est allé sur le terrain pour se rendre compte de l’effectivité des travaux. L’accompagnement et le suivi des entreprises est gage d’une bonne utilisation des ressources et de durabilité des projets. Comme le martèle souvent le président du conseil d’administration, pas un dollar ne retournera à la MCC, le partenaire financier grâce auquel le Programme MCA-Bénin II a vu le jour.

A Tori, à une dizaine de kilomètres d’Allada, l’ONG 3D exploite un périmètre agricole de 25 ha. Elle y mène trois principales activités : le maraîchage, l’élevage d’ovins, de bovins et de volaille, et l’agro-foresterie, avec la culture du palmier à huile, de l’hévéa, etc. Dernièrement, le promoteur a tenté l’aventure de la bananeraie. Mais malheureusement, le manque de pluie a provoqué le dessèchement des plants mis en terre, ruinant ainsi les espoirs des entrepreneurs. 

C’est là qu’intervient Enerdas. L’exploitation dispose de deux forages hydrauliques, dont les pompes sont alimentées par des groupes électrogènes fonctionnant au gasoil. La solution d’Enerdas consiste à remplacer l’alimentation par de l’énergie solaire. Cette solution a le mérite d’assurer la disponibilité permanente de l’énergie tout en réduisant les charges d’exploitation. Sur le terrain, l’équipe du MCA-Bénin II a constaté l’implantation d’un champ solaire, produisant 3 120 watt crête. La pompe solaire a été bien installée, alimentant désormais un château d’eau dont le bassin a été doublé pour mieux profiter de la pleine capacité désormais disponible. Désormais, la ferme met une heure et demie pour remplir le bassin de 8 m3 là où il lui en fallait 8 ou 9 auparavant. Avec la réserve d’eau quotidiennement pompée, les membres de l’ONG 3D vont irriguer leur palmeraie, leurs champs maraîchers et relancer la bananeraie. Mais pour l’instant ils continueront d’abreuver les animaux en élevage avec le second forage fonctionnant toujours sur groupe électrogène. 

Après Tori, l’équipe s’est ébranlée sur Sovlègni. Dans cette agglomération très enclavée à 12 km de Djidja dans le département du Zou, près de 2 000 âmes vivent, réparties en petits groupes dans la savane boisée. L’un des plus cruciaux problèmes auxquels sont confrontés les habitants est l’accès à l’eau. Pour l’instant, les populations satisfont ce besoin au moyen d’une unique pompe à motricité humaine. Le point d’eau sert aussi de buanderie aux ménagères. En raison de leur nombre, la corvée d’eau peut se poursuivre durant la nuit. 

Un promoteur privé a négocié avec la mairie pour construire un château d’eau et remplacer la pompe manuelle par un système de pompage solaire. Le partenaire technique idéal pour ce projet n'est autre qu’Enerdas grâce au co-financement du MCA-Bénin II. Ici aussi, l’entreprise a déjà installé les panneaux solaires. Il ne lui reste qu’à mettre en place la pompe solaire. Le château étant déjà construit, dans peu de temps les habitants de Sovlègni obtiendront l’eau juste en tournant un robinet. Mais pour bien faire les choses, le promoteur privé prévoit de construire quatre bornes-fontaines, installées à des endroits bien choisis, afin de rapprocher la source des consommateurs. Les attroupements actuels autour de l’unique pompe manuelle du village seront donc bientôt conjugués au passé.